L'histoire du Racing (1ère partie) : de 1896 à 1966

Mis en ligne le 6 mai 1997 - Dernière mise à jour le 3 décembre 2023 - Temps de lecture : 10 minutes.

Le Racing Club de France omnisports a été fondé en 1882, comme société d'athlétisme dans un premier temps, mais qui diversifia rapidement ses activités. En 1887, il créa avec le Stade Français une fédération : l'Union des Sociétés Françaises de Sports Athlétiques (USFSA), qui fut pendant 30 ans l’acteur majeur du développement du sport dans l’hexagone. L'USFSA encouragea la pratique du rugby comme sport collectif dans un premier temps, avant de lancer en 1894 une compétition de football - la première ayant existé en France - à l’intention de la poignée d’équipes tapant du ballon rond à Paris. Le Racing n’était pas encore du nombre, mais rejoignit rapidement le mouvement…

Les débuts en USFSA

Le Racing Club de France créa sa section football en 1896, et l'engagea dans le championnat USFSA en 1897, dont elle termina quatrième. Les premiers racingmen naviguèrent ensuite quelques années dans le second peloton d’équipes en première série (première division parisienne), derrière le trio intouchable constitué du Standard AC, du Club Français et des White Rovers. Ils franchirent un palier en 1901 en montant sur le podium du classement pour la première fois et en atteignant la finale de la coupe Dewar, mais surtout en réussissant à battre le Club Français à deux reprises dans la saison. Ces performances, ainsi que l'arrivée dans son équipe de quelques transfuges de valeur, transformèrent le Racing en prétendant assumé pour le titre de champion de Paris en 1902, qu'il décrocha effectivement à l'issue d'une victoire sur United en match d'appui. La compétition concernait désormais quelques autres régions, et comportait une phase finale nationale : les ciels et blancs se qualifièrent pour sa finale - après avoir écarté le Havre AC en demie - mais la perdirent de justesse contre le RC Roubaix, 4-3 après prolongation. Rebelote l'année suivante, où le Racing conserva son titre à Paris et se re-qualifia pour la finale nationale, pour butter à nouveau contre les nordistes. Il fallut cette fois deux manches pour aboutir à cette issue, la première s'achevant sur un nul obligeant à rejouer, et la seconde sur une défaite 3-1…

Après avoir approché le Graal de très près, les ciels et blancs se firent détrôner les trois saisons suivantes en championnat de Paris, mais s'adjugèrent leurs premières coupes Dewar, en 1905 après avoir perdu la finale contre l'US Parisienne mais en bénéficiant d'une décision sur tapis vert, et en 1906 de façon plus classique en remportant la finale contre le Gallia Club. Ils retrouvèrent leur de champion de Paris en 1907 à l'issue d'un parcours de maître en première série - 12 victoires et 2 nuls - et éliminèrent ensuite l'US Servan et l'Olympique de Marseille pour se qualifier en finale nationale contre... encore Roubaix ! Cette troisième finale fut la bonne pour le Racing, qui s'imposa à l'issue d'un fantastique retournement de situation, passant d'un 0-2 en début de seconde période à une victoire 3-2, le dernier but étant marqué par son attaquant anglais Astley après un slalom de 70 mètres... L'équipe était donc enfin consacrée championne de France, dans une saison historique où elle remporta à nouveau la coupe Dewar, mais fit battue en demi-finale du fameux Challenge international du Nord. [lire le récit détaillé de la saison 1906-1907]

Le Racing conserva son titre parisien en 1908 mais pas son titre national, parvenant bien en finale à nouveau contre Roubaix, mais la perdant cette fois. Le scenario du match fut l'inverse du précédent, avec une ouverture du score par les tenants ciels et blancs, et un retournement de score ensuite.

L'équipe alterna le bien et le moins bien les saisons suivantes, restant quand même dans le haut du panier parisien mais ne parvenant plus à se hisser sur la plus haute marche, hormis en 1911 où elle obtint son cinquième titre. Comme les fois précédentes, elle parvint alors en finale nationale, après avoir éliminé l'AS Deauville-Trouville, l'US Servan et le FC Rouen. Pour une fois, elle ne s’y trouva pas opposée à Roubaix, mais au Stade Helvétique de Marseille. Face au vice-champion en titre, le Racing rata totalement sa première période et encaissa trois buts, avant de marquer deux fois en seconde, mais ne réussit pas à égaliser malgré une grosse poussée en fin de rencontre.

La Une du magazine "Sporting" après le titre de champion de Paris en 1919...

Durant la Première guerre mondiale, le Racing continua difficilement son activité et pris part sans faire d'éclat aux différentes compétitions organisées. En 1917, il fut l'un des 48 participants de la première édition de la Coupe de France, dans laquelle il atteignit les quarts de finale, où il chuta contre l'AS Française par 4 buts à 2. Après la guerre, le dernier championnat USFSA se joua en 1918-1919, où le Racing remporta la phase parisienne. La finale fut remportée contre le Standard AC, dans une opposition empreinte d'histoire puisque mettant aux prises les deux clubs les plus titrés - à égalité - dans la capitale jusqu'alors. Pour la postérité, le Racing est donc devenu à cette occasion le meilleur club parisien de tous les temps en championnat USFSA. Pour une fois, il n'enchaîna pas la qualification vers la finale nationale, se voyant barrer en quarts par le Havre AC.

Le temps des Ligues

A la création de la Fédération Française de Football-Association (future FFF), le Racing intégra la Ligue de Paris et fut logiquement placé au premier niveau du championnat (division d'honneur) avec les meilleurs clubs des précédentes fédérations. La première édition en 1919-1920 se joua en une formule à deux groupes : le Racing termina en tête du sien et disputa de fait la première finale "unifiée" contre le Red Star, mais la perdit. Les ciels et blancs réalisèrent la saison suivante leur premier gros parcours en Coupe de France, qui les conduisit en demie où ils furent battus à nouveau par les audoniens, 4-3 à l'issue d'une rencontre très serrée.

Les années suivantes furent moins brillantes, les ciels et blancs déclinant en championnat pour descendre en Promotion de DH en 1925, et ne dépassant plus les huitièmes de finale en coupe. Après trois saisons passées à l'étage inférieur sans parvenir à remonter, le Racing fit son retour dans l'élite régionale en 1928 à la faveur d'une fusion-absorption du FEC Levallois.

La Une du magazine "Miroir des Sports" après la finale de coupe en 1930...
Il revint sur le tout devant de la scène en 1929-1930, par le biais d'un parcours remarquable en coupe, qui le mena à sa première finale, contre le FC Sète. Dans un duel âpre et indécis, le Racing perdit son gardien sur blessure à un quart d'heure de la fin et dut donc terminer à dix avec un attaquant dans les buts... mais réussit à ouvrir la marque dans la foulée ! Sète réussit malheureusement à égaliser à quelques instants du terme, avant de l’emporter en prolongation.

Le Racing avait donc échoué à conquérir ce qui était désormais le trophée phare en France, mais il allait prendre sa revanche quelques années plus tard et entamer une véritable histoire d'amour avec cette compétition. Il était quoi qu'il en soit redevenu une équipe de premier plan, comme l'attestent les deux titres de champion de Paris en 1931 et 1932, et une demi-finale de coupe, au moment où le football français était sur le point de lancer un championnat professionnel.

La grande époque du RC Paris

Le président Bernard-Levy, ambitieux et grand artisan du renouveau ciel et blanc en ayant fait venir plusieurs internationaux à Colombes, désirait suivre le sens de l'histoire et franchir le pas du professionnalisme. Le principe était toutefois contraire aux idéaux de l'omnisports, attaché à l'amateurisme et à l'esprit olympique, mais dont les dirigeants ne voulaient pas non plus empêcher la section football de rester au sommet. Bernard-Levy proposa alors de créer une nouvelle association, appelée Racing Club de Paris, distincte du RCF mais qui en absorberait la section football, et irait jouer en pro avec les mêmes couleurs et en continuant à bénéficier des installations de Colombes. Il obtint l’accord du comité directeur sur ce projet début 1932, puis celui de la Fédération au printemps, et voilà comment le RCP fut créé pour se substiter officiellement au Racing Club de France, dont il était une "section pro autonome".

Au-delà de permettre aux joueurs de vivre désormais du football… licitement (car dans les faits les meilleurs recevaient des rétributions cachées), ce tout nouveau championnat professionnel allait surtout être un formidable défi sportif, puisqu’étant national et mettant désormais au prise chaque semaine les meilleures équipes de tout le territoire, elles qui ne se croisaient qu’occasionnellement en coupe auparavant. Le Racing se lança dans cette aventure avec une grosse soif de succès, et termina troisième en 1933 et 1935, mais sans se mêler réellement à la lutte pour le titre.

Il parvint à le remporter en 1936, à l'issue d'une saison mémorable. Entraînée par l'anglais Kimpton et ayant adopté la nouvelle tactique du WM (3-2-2-3), l'équipe monta en régime durant l’hiver et s’empara de la tête du classement de D1 en avril, tout en accumulant les victoires en coupe. Eliminant notamment Lille dans l'opposition phare des quarts de finale, puis le champion en titre sochalien en demie, elle se retrouva en finale début mai, contre un adversaire surprise : Charleville, tout nouveau club professionnel alors classé treizième de division 2.


La Une du magazine "Miroir des Sports" après la victoire en coupe de 1936...
Donné largement favori, le Racing rata son match mais gagna quand même, grâce à un seul petit but de son avant-centre Couard, permettant au président Bernard-Levy de voir enfin les siens soulever le trophée. Repassés en parallèle troisièmes en championnat du fait de matches reportés en raison de leur épopée en coupe, les ciels et blancs finirent en trombe et furent sacrés champions avec trois points d'avance, signant ainsi un magnifique doublé coupe-championnat. [lire le récit détaillé de la saison 1935-1936]

Parvenu au sommet du football français, le Racing ne réussit pas à conserver son titre la saison suivante. Perturbée par des problèmes internes, l'équipe était neuvième à mi-parcours, avant de se réveiller ensuite pour revenir tutoyer la première place, mais une défaite au Red Star lors de l'avant-dernière journée lui fut fatale. Le Racing se mêla encore à la lutte pour le titre en 1938-1939, mais alors qu'il était leader à la fin de l'hiver, il baissa de régime en fin de parcours et finit à nouveau troisième. Il ne rata cependant pas sa saison, puisqu'il réussit en même temps à se hisser à nouveau en finale de la coupe, contre Lille. Ce match se joua en une mi-temps, le temps pour le Racing de mettre trois buts – contre un aux nordistes. Il ne se passa plus grand chose après la pause, et les ciels et blancs purent engranger leur deuxième coupe.

La saison suivante se joua sur fond de guerre, qui venait d'éclater entre la France, l'Angleterre et l'Allemagne mais resta cantonnée plusieurs mois à un front bloqué à la frontière Est. Un championnat temporaire fut alors organisé, qui n’alla pas au bout après l'effondrement soudain des armées alliées et l'entrée des allemands sur le territoire en mai 1940. Mais la coupe avait quant à elle eu le temps d'aller à son terme, et le Racing s'était à nouveau qualifié pour la finale, pour défendre son titre contre Marseille. Les deux équipes purent compter à cette occasion sur plusieurs de leurs joueurs mobilisés, qui bénéficièrent d'une permission pour cet évènement. Les provençaux ouvrirent la marque en début de match, mais le Racing égalisa peu après, avant de prendre l'avantage à vingt minutes de la fin. Le club remportait ainsi sa troisième coupe en cinq ans, dans un contexte empêchant bien sûr de profiter pleinement de cette joie. Il s'agissait de la dernière du président Bernard-Levy, qui mourut au front quelques semaines plus tard, la présidence du RCP passa un an plus tard à son ami Dehaye.

Le football continua pendant l'occupation allemande, et le Racing vivota mais sans briller dans les championnats organisés (qui ne comptent pas aujourd'hui dans les palmarès officiels) ou en coupe. Après le débarquement de Normandie, la première saison "libre" se joua en 1944-1945, avec un championnat tout de même encore divisé en deux groupes, où le Racing termina sixième du groupe Nord. Mais il s'illustra une nouvelle fois en coupe, où il parvint en finale contre Lille. Celle-ci se joua deux jours avant l'armistice, et vit les Racingmen surpasser leurs adversaires, qui furent sèchement battus 3-0. En remportant sa quatrième coupe en moins de dix ans, le Racing était devenu un vrai spécialiste de l'épreuve. Il était alors seulement devancé par Marseille et le Red Star au palmarès, avec six et cinq victoires respectivement.

Le championnat de division 1 retrouva sa vraie formule à la rentrée 1945 et le Racing fit évidemment partie des dix-huit clubs qui y furent réintégrés. Mais l'équipe ne parvint pas à y retrouver son rang, et ne termina jamais plus haut que la septième place les années suivantes malgré ses nombreux internationaux et son jeu spectaculaire. Le Racing restait cependant (ou peut-être justement) une équipe de coupe, et se qualifia pour la finale en 1949. Il retrouva alors l'ogre lillois, qui en était lui à sa cinquième finale consécutive, dont les trois dernières remportées.


La Une du magazine "Miroir-Sprint" après la victoire en coupe de 1949...
Nullement impressionné, le Racing livra à cette occasion la plus belle et la plus accomplie de ses finales, étouffant littéralement son adversaire - futur vice-champion de France quelques semaines plus tard - pour mener 5-0 à l'heure de jeu ! Les nordistes sauvèrent l'honneur en fin de match, mais le Racing remportait triomphalement sa cinquième coupe en quatorze ans. Personne ne pouvait alors se douter que son compteur resterait toujours bloqué à ce chiffre 70 ans plus tard…

L'équipe se qualifia à nouveau pour la finale l'année suivante, avec l'occasion en cas de victoire de rejoindre Marseille au rang de club le plus titré dans l’épreuve. Le Racing fut alors opposé à Reims, qui était au tout début de son âge d’or et avait remporté son premier titre de champion la saison précédente. Considérés favoris, du fait de leur expérience de cet évènement, les ciels et blancs surclassèrent leur adversaire pendant toute la première période, assiégeant une défense et un gardien rémois qui furent héroïques et aussi sauvés deux fois par leurs montants. Les débats furent plus équilibrés en seconde ; le Racing toucha une troisième fois le poteau, mais ce sont finalement les rémois qui arrachèrent la victoire dans les dernières minutes.

La régression de l'équipe en championnat se concrétisa par une descente en division 2 en 1953, malgré un effectif toujours aussi riche en internationaux. Mais le Racing remonta dès l'année suivante, à l’issue d’un barrage fratricide avec le Stade Français. Il entama alors un retour progressif vers les premières places de division 1 : huitième en 1955, sixième en 1956, quatrième en 1957, neuvième en 1958, avant de retrouver le podium à partir de la saison 1958-1959.

Lors de cette dernière, le Racing mena le championnat pendant la première moitié de la saison mais baissa de rythme ensuite et finit troisième. Il termina la saison suivante au même classement, mais sans avoir réellement disputé le titre avec Reims, qui termina loin devant. Les ciels et blancs établirent toutefois à cette occasion un record qui tient toujours : celui de la meilleure attaque sur une saison, avec 118 buts marqués ! Il faut dire que les ciels et blancs s'appuyaient entre le milieu des années 50 et le début des années 60 sur un jeu ultra-offensif qui leur valut régulièrement la place de meilleure attaque du championnat. Avec près de 20 000 spectateurs de moyenne au Parc chaque saison, le Racing était par ailleurs - et de loin - le club faisant les meilleures affluences en championnat.

Revenu au sommet, il échoua ensuite deux fois d'un cheveu dans la conquête du titre. En 1960-1961, l'équipe livra toute la saison un duel sans merci avec Monaco.

La Une du magazine "Miroir Sprint" après la victoire contre Monaco au printemps 1961...
A quatre journées de la fin, les ciels et blancs écrasèrent l'équipe de la principauté par 3-0 et repassèrent en tête. Mais ils piétinèrent ensuite, et Monaco s'adjugea finalement le titre d'un petit point en gagnant à Strasbourg la dernière journée alors que le Racing était tenu en échec au Havre.

Le coup passa encore plus près en 1961-1962 où le Racing, qui n'avait jamais occupé la première place dans la saison, était quand même à la lutte pour le titre avec deux adversaires avant la dernière journée. Nîmes devançait d’un point Reims et le Racing avant celle-ci et avait son avenir au bout des pieds, mais il perdit son match contre le Stade Français, tandis que le Racing gagna à Monaco 2-1, et Reims à Strasbourg 5-1. Parisiens et champenois finirent alors à égalité de points, avec la même différence de but et une meilleure attaque pour le Racing... mais ce sont les rémois qui furent déclarés champion car le goal-average se calculait par division à ce moment et était donc à leur avantage. Le Racing aurait été champion avec les règlements actuels, mais à l'époque il rata le titre de dix-huit millièmes de points au goal-average, soit un but encaissé de trop sur toute la saison ! Dans la lutte à distance se jouant à Monaco et Strasbourg lors de l'ultime journée, les ciels et blancs avaient été champions à la mi-temps et une partie de la seconde période, mais malheureusement pas à la fin !

En parallèle à ce retour aux sommets dans le championnat, le Racing ne connut par ailleurs plus aucune réussite en coupe. Après la finale de 1950, les ciels et blancs n'allèrent jamais plus loin que les quarts de finale, atteints seulement trois fois : en 1951, 1959 et 1961.

La chute

Après s'être approché si près du titre, le Racing dégringola de façon soudaine et surprenante, et fut relégué en deuxième division en 1964. Le club fut par ailleurs invité en 1963 à participer à la Coupe des Villes de Foires - l'ancêtre de la Coupe de l'UEFA. Il fut éliminé d'entrée par le Rapid de Vienne, dans ce qui reste aujourd'hui l'unique apparition du Racing en coupe d'Europe. Il est paradoxal qu'elle ait coïncidé avec la chute du club.

Contrairement à ce qui s'était passé lors de la descente précédente en 1953, le Racing ne remonta pas cette fois-ci, et continua au contraire à s'enfoncer, pour finir dix-septième en 1966. Le public, nombreux mais versatile lorsque le Racing jouait le titre, ne suivit pas : les affluences de la saison 1965-1966 tombèrent ainsi à 2 000 spectateurs de moyenne à partir d'octobre. La situation financière du club se dégrada considérablement, à une époque où il ne vivait que de ses recettes guichet, la première subvention de la ville de Paris ne lui ayant été accordée qu'à l'été 1965, avec un niveau dérisoire.

Pour sauver le club de la faillite et de sa disparition de la carte professionnelle, le président Dehaye engagea alors des négociations avec le président Laurent de Sedan, en vue d'une fusion, pour retrouver la division 1 et ses affluences. Malgré de vives oppositions quand il révéla son projet, il réussit à rallier la majorité au conseil d'administration du Racing derrière ce projet, puis obtint l'accord du groupement professionnel (ancienne ligue nationale) début juin 1966, au nom de l’intérêt supérieur du football français (de ne pas voir disparaître le RC Paris). L'accord prévoyait de jouer alternativement à Paris et Sedan, mais l'assemblée générale suivante du groupement remit tout en question, pointant que les règlements n'autorisaient une telle résidence alternée. Le bureau fédéral s'en mêla aussi, en rappelant que deux clubs de ligues régionales différentes ne pouvaient fusionner.

L'affaire était enterrée, mais les deux présidents décidèrent d'aller au bout de leur idée d'un club "sedano-parisien" en adoptant une solution ne passant plus par une fusion : le RC Paris abandonna tout simplement le championnat professionnel, et Sedan changea son nom en RCP-Sedan, accueillit Dehaye dans son comité directeur, et recruta trois joueurs du Racing. Il ne faut donc pas s'y tromper : le RCP-Sedan qui évolua en D1 de 1966 à 1970 n'était rien de plus que Sedan, l'équipe joua là-bas, ne changea pas de couleurs, et ne fut jamais assimilée au Racing à l'époque... D'autant moins que le RCF récréa de fait immédiatement sa section football pour récupérer les sections amateurs du RCP, et prendre officiellement la suite. Trente-quatre ans après son exfiltration du RCF pour se lancer dans l’aventure pro, le football ciel et blanc rejoignait donc la maison-mère…

Disons quand même un mot du RCP-Sedan, qui faute de pouvoir alterner les matches à Paris et Sedan, envisagea à la place de délocaliser tous ses matches au Parc une saison sur deux ! Il obtint pour cela une autorisation du groupement en fin de saison 1966-1967... mais les dirigeants sedannais renoncèrent au projet quelques semaines après. L'idée bien mince que le RCP-Sedan puisse redonner - même à moité - un club de D1 à Paris disparut dès lors. Il obtint de bons résultats en terminant dans la première partie du classement plusieurs saisons, puis Sedan reprit son appellation en 1970. Ce fut alors la fin du RCP en tant que nom, mais il avait disparu en tant que club en 1966.

La disparition du Racing du paysage professionnel avait par ailleurs été précédée quelques années plus tôt par celle du CA Paris, et suivie en 1967 par celle du Stade Français, rendant la capitale orpheline d'un club professionnel (le Red Star étant toujours là mais gardant une identité banlieusarde). Cela amena divers acteurs à vouloir monter un "successeur" à la fin des années 60, et c'est ainsi que furent créés le PSG et le Paris FC (ainsi que le Racing Paris-Neuilly, devenu Paris-Joinville puis disparu), qui doivent clairement leur existence à la chute du Racing et du Stade...

Lire la suite : de 1966 à maintenant.

Sources des informations : presse de l'époque.